Typologie des escroqueries à travers l’histoire.


Dans un monde où l’accès aux produits financiers est facilité par Internet, les escroqueries se sont diversifiées et sophistiquées. Comprendre leur typologie est essentiel pour les investisseurs particuliers afin de repérer les signaux d’alarme et protéger son épargne. Cet article passe en revue les grandes familles d’arnaques financières, illustrées par leurs exemples historiques les plus célèbres, de la bulle de tulipes du XVIIᵉ siècle aux fraudes cryptographiques du XXIᵉ siècle.


1. Schémas de Ponzi et pyramides financières

Définition
Les schémas de Ponzi reposent sur le versement des intérêts promis aux anciens investisseurs grâce aux apports des nouveaux. Ils s’effondrent lorsque le recrutement ralentit.
Exemple historique

  • Charles Ponzi (1920) : Ancien employé de poste, il proposa à Boston un rendement de 50 % en 45 jours sur l’achat de coupons-réponse internationaux. Son système recruta plus de 15 000 épargnants avant de s’effondrer en août 1920, causant des pertes estimées à 20 millions de dollars.

Variantes modernes

  • Bernie Madoff (2008) : Opéré pendant près de trente ans à New York, son fond « Bernard L. Madoff Investment Securities LLC » promettait 10 % de rendement annuel. Dévoilé en décembre 2008, il avait escroqué près de 65 milliards de dollars, ce qui en fait le plus grand Ponzi de l’histoire moderne. Il avait une stratégie bien rodée, il a exploité le principe d’exclusivité pour attirer ses victimes.

2. Fraudes comptables et manipulations financières

Définition :
Il s’agit de falsification de bilans, surévaluation d’actifs ou dissimulation de dettes pour maintenir artificiellement le cours d’une action ou attirer des investisseurs.


Exemples historiques : 

  • Enron (2001) : La multinationale américaine, dirigée par Kenneth Lay et Jeffrey Skilling, utilisa des « Special Purpose Vehicles » pour cacher plus de 31 milliards de dollars de dettes. La faillite, déclarée le 2 décembre 2001, engendra la perte de 74 milliards de dollars pour les actionnaires.
  • WorldCom (2002) : Son directeur financier, Scott Sullivan, gonfla les résultats de 11 milliards de dollars en capitalisant des frais d’exploitation. La faillite fut annoncée le 21 juillet 2002, marquant alors la plus grande faillite de l’histoire des télécoms.

3. Manipulation de marché et “pump and dump”.

Définition :
Des initiés font monter artificiellement le cours d’une action à faible capitalisation en diffusant de fausses informations (« pump »), puis écoulent leurs titres à profit avant l’effondrement (« dump »).
Exemple historique : 

  • Stratton Oakmont (années 1990) : Le « Loup de Wall Street », Jordan Belfort, et son associé Danny Porush orchestrèrent à New York un « pump and dump » massif sur des penny stocks, escroquant des centaines de millions de dollars.

4. Escroqueries dans la crypto-monnaie.

Définition :
Tirant parti du manque de régulation, de faux projets blockchain (ICO), des schémas de Ponzi en cryptos et des plateformes frauduleuses promettent d’énormes gains rapides.
Exemples historiques : 

  • OneCoin (2014-2017) : Fondé par Ruja Ignatova, ce « Bitcoin killer » virtuel recruta des membres via un marketing agressif. En 2017, OneCoin avait levé 4 milliards de dollars avant qu’Interpol n’émette des avis de recherche et que le réseau s’effondre.
  • MMM (1994, relancé en 2011) : Créé par Sergey Mavrodi en Russie, le schéma de Ponzi MMM annonçait des rendements de 30 % par mois. Malgré plusieurs interdictions, il renaît régulièrement, emportant des milliards de dollars de dépôt.

5. Fraudes bancaires et phishing.

Définition :
Usurpation d’identité et hameçonnage pour soutirer des informations de connexion ou des fonds directement sur le compte bancaire de la victime.
Exemple de phishing historique : 

  • “Nigerian Prince” (années 1990-2000) : Les courriers électroniques promettant des transferts de centaines de milliers de dollars depuis les pays africains ont été l’une des premières escroqueries de masse sur Internet, touchant des millions de personnes.

6. Fraudes de type advance-fee.

Définition :
L’escroc demande un paiement préalable (frais, taxes, garanties) pour débloquer un gain supposé. Une fois le paiement effectué, la promesse s’évapore.


Exemple historique : 

  • Scandal “Spanish Prisoner” (XIXᵉ siècle) : Proche de l’arnaque nigériane moderne, ce montage faisait miroiter la libération d’un prisonnier riche contre le versement d’une somme pour couvrir ses frais, sans jamais restituer l’argent.

7. Fraudes d’investissement structurées.

Définition  :
Produits complexes (CDO, MBS, produits dérivés) opaques dont la nature et les risques sont mal expliqués, conduisant à des pertes colossales pour les investisseurs particuliers.


Exemple historique : 

  • Crise des subprimes (2007-2008) : Les Residential Mortgage-Backed Securities (RMBS) et Collateralized Debt Obligations (CDO) empaquetaient des prêts immobiliers à risque. Leur toxicité révéla un défaut systémique de contrôle des agences de notation et bancaires, déclenchant un choc financier mondial.

Conclusion

Qu’elles exploitent la faiblesse humaine, la complexité des produits ou l’opacité des bilans, les escroqueries financières ont traversé les siècles en se renouvelant. De la tulipomanie hollandaise de 1637 à la fraude OneCoin, en passant par Ponzi, Enron ou Madoff, chaque scandale rappelle la même nécessité : vigilance, éducation et vérification des informations. En maîtrisant la typologie de ces arnaques et leurs signaux d’alerte, le trader particulier peut réduire considérablement ses risques et préserver son capital.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *